Nous avons rencontré le Dr Sanjay Sharma, un
chirurgien spécialisé dans le colorectal, PhD en Âyurveda et l’un des
principaux responsables du programme de télémédecine en Inde.
Tout commence en 2005, où force est de
constater que ce qui manque réellement dans les régions rurales est un accès
aux soins médicaux supérieurs. En effet, dans chaque village il existe une
personne pratiquant une forme de médecine avec ou sans qualifications qui est
capable de prodiguer des soins primaires.
Un deuxième problème est le manque de
technologie dans les milieux ruraux. Ce problème oblige les gens à se déplacer,
engendrant ainsi toutes sortes de complications supplémentaires.
Ainsi, les soins sont suffisants pour la
plupart des problèmes mineurs, mais sont souvent inappropriés et tout
simplement inefficaces lors de problèmes plus graves. Pour des soins plus
spécifiques, les patients doivent se déplacer dans des centres médicaux,
parfois très éloignés et difficiles d’accès. C’est pour cette raison que
beaucoup y renoncent tout simplement.
L’introduction d’un équipement
« low-cost » de base a permis de résoudre le problème matériel.
Seulement, un équipement moderne sans personne pour le manipuler est
parfaitement inutile.
Pour remédier à ce problème, différentes
options ont été envisagées. La première, irréaliste, aurait été d’envoyer un médecin qualifié sur
place. Même si cette dernière option s’était avérer possible, il y aurait de
toutes les façons eu un problème de confiance de la part de la population
locale. En effet, ces gens connaissent et sont habitués à aller voir le
soignant du village, quel qu’il soit. Rapidement, ils ont réalisé que le seul
moyen d’y parvenir serait de passer par des gens déjà présents sur place.
Ainsi est née l’idée d’implanter un
système de télémédecine. Il s’agissait de former les gens sur place à utiliser
la technologie de base pour prodiguer des soins de qualité supérieure et de les
relier par internet à des médecins spécialistes dans les grandes cités. Ainsi,
ils seraient capables de détecter des choses simples tout en ayant un avis
d’expert pour les cas plus compliqués. Ils peuvent communiquer avec le médecin
en ville via internet, à savoir via e-mail, conversation téléphonique et même
webcam, ce qui permet aussi au médecin de dicter des gestes à faire et de les
suivre en direct. S’il y a nécessité d’un examen physique, type gynécologique
ou très spécifique, les patients sont envoyés dans les centres de santé
environnants. Ce système a l’avantage de détecter les maladies à des stades
plus précoces, et d’envoyer dans les cités uniquement les gens qui en ont
réellement besoin.
La personne qui prodigue des soins
localement obtient un certificat au bout de cinq jours de formation mais n’a
pas l’autorisation de prescrire des médicaments autres que ceux accessible en
pharmacie sans ordonnance. S’il y a besoin d’autres médicaments, c’est le
médecin en ville qui fera la prescription.
Le projet a été expérimenté en 2007 dans
l’état du Tamil Nadu, état dans lequel les soins sont déjà de bonne qualité et
l’accès aux soins plus facile. Si le projet marchait dans cet état, il
marcherait partout en Inde. En effet, il fallait être sûr de la rentabilité et de
l’efficacité de la télémédecine avant de l’étendre au reste du pays. Une
clinique utilisant la télémédecine a besoin d’électricité pour fonctionner
convenablement. Pour remédier au
problème de coupures d’électricité, ils ont eu recours aux panneaux solaires.
Etant donné qu’il s’agit d’une société
privée, les soins ne sont pas gratuits. Cela crée aussi une certaine
compétition qui permet de maintenir le niveau des soins. Si les gens ne veulent
pas payer, ils continuent simplement à utiliser les hôpitaux gouvernementaux,
c’est-a-dire le système indien normal. Cependant, dans certains états, le
projet est subventionné par le gouvernement et les soins deviennent ainsi
gratuits pour tous.
Aujourd’hui, le projet est implanté dans
800 cliniques dans le nord de l’Inde. Il s’agit du plus grand réseau de
télémédecine au monde.
MEG Swiss Team
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